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Fondation de l’usine Roquette
L’alliance d'une vieille famille d'hommes de loi du Rouergue, province au rude climat, non loin des monts du Cantal, avec une famille industrielle du Nord engagée depuis plus de 100 ans dans l'industrie textile ne pouvait que favoriser l'éclosion de tempéraments vigoureux et prêts à se donner pour une réalisation intéressante de leur vie ; les deux frères Dominique et Germain ROQUETTE étaient de cette trempe.
Avec leurs sept frères et sœurs, ils avaient reçu de leurs parents, dont le père était avocat à Lille, une éducation très stricte, marquée surtout du sens du travail, du goût de l’effort et de l’attachement aux valeurs morales et familiales.
Son retour au bureau de courtage en 1919, Dominique après avoir repris la succession de M. Chevresson, propose à son frère Germain de venir travailler avec lui ; cinq années plus tard, en 1924, ils décident de s’associer sous le nom de SODACO – D. et G. ROQUETTE, avec transfert de leurs bureaux dans le nouvel immeuble de la Chambre de Commerce de Lille, pour se trouver sur le lieu même de la bourse des grains qui s’y tenait chaque mercredi.
C’est donc dans les trois bureaux du second étage que les frères ROQUETTE, avec quatre employés, ont commencé leur vie professionnelle avant de devenir le groupe ROQUETTE Frères, avec ses 4 500 collaborateurs en France et de par le monde (8 400 salariés dans le monde, dont 3 000 à Lestrem aujourd’hui).
8400
Salariés dans le monde
Sous l’impulsion de nos dynamiques fondateurs, la société de courtage prend rapidement de l’importance en créant deux antennes à Paris et Anvers, et en se spécialisant dans les céréales d’importation : riz, maïs, orge, blé d’Amérique du Nord. A cette époque, ce commerce d’importation était totalement libre mais avec des signes annonciateurs de réglementation qui se sont d’ailleurs concrétisés par la création de l’Office du Blé en 1936.
La création de l'entreprise
Forts de cette première expérience industrielle, les frères ROQUETTE recherchent alors l’idée d’une création d’entreprise, apparentée aux matières premières agricoles qu’ils connaissent et dont le produit fabriqué pouvait trouver sa place sur le marché. C’est au cours de leurs recherches et compte tenu de leurs relations industrielles importantes, notamment dans le monde du textile, dont les usines étaient à l’époque nombreuses et importantes, qu’ils se sont rendu compte que les tissages avaient à employer de la fécule de pommes de terre pour l’encollage des fils avant tissage, de même que les teintureries pour la réalisation de certains apprêts, et que cette fécule provenait surtout d’importation hollandaise, alors que les pommes de terre, dites de variétés féculières, pouvaient évidemment s’obtenir dans le Nord.
Toujours en évolution !
Dans l’intervalle, leur plus jeune frère Bernard vient renforcer l’équipe de Lestrem pour prendre en charge les contrats de culture de pommes de terre ; son concours devait hélas être abrégé par la maladie qui l’emportera par la suite malheureusement trop tôt.
Après avoir maîtrisé la production de fécule, ROQUETTE en vient ainsi, avec le glucose et la dextrine, aux produits de deuxième transformation. C’est alors que la partie s’avère plus serrée parce qu’il fallut se rendre à l’évidence que le prix de revient du glucose, à base de fécule était plus élevé que le glucose à base d’amidon, obtenu à partir de maïs d’importation puisqu’à l’époque cette culture n’était qu’à peine développée en France… et avec très faible droit sur le cours mondial.
Qu’à cela ne tienne, le défi sera à nouveau relevé et en 1938 les frères ROQUETTE en viennent à l’idée que pour continuer à produire du glucose mais à un prix plus compétitif il faut pouvoir disposer d’une amidonnerie de maïs ; raisonnement qui s’avérera plus tard à l’origine de la seconde étape combien importante du développement de leur entreprise.
Mais la guerre, survenant l’année suivante, oblige à mettre en veilleuse la réalisation du projet en même temps que l’activité de l’entreprise ; le conflit mondial accapare les hommes et les esprits et les priorités sont évidemment ailleurs.
Ainsi s’arrête la première étape, qu’on peut appeler celle des pionniers ; elle fut marquée d’une immense somme d’efforts ; chacun se donnait avec confiance à la tâche entreprise, sans regarder à sa peine ni à son temps ; M. GRUNEWALD et M. Gérard GOUBE comme nouvel ingénieur et quelques contremaîtres qui ont marqué cette rude période parmi lesquels MM. Gaston LOURME, Léon DUBAELE, Daniel FREMAUX, Marcellin DELBECQUE, Marin GREMBER, Fleury BOULLET, sans oublier les autres tout aussi méritants dont beaucoup ont leurs descendants toujours présents dans l’entreprise et de leur côté les frères ROQUETTE trouvaient leur premier appui commercial et administratif parmi leurs fidèles collaborateurs du courtage : MM. BLANCHART, TILLY, GHESQUIERE, MORLIGHEM et BALLOY avec, par la suite, le jeune Jean-Marie DAUCHY. En pensant à eux et à tous ceux qui ont participé à ces premières années d’entreprise, il n’est que juste qu’honneur leur soit rendu.
Sitôt la paix revenue, les frères ROQUETTE se remettent à l’ouvrage en reprenant leur projet d’amidonnerie de maïs et dès l’année 1946 les premiers tonnages de maïs, alors en provenance des Etats-Unis, arrivent à Lestrem. Suivent alors des années où à la faveur du renouveau industriel, les deux frères, assistés de M. GRUNEWALD et de leurs collaborateurs peuvent donner la pleine mesure de leur esprit d’entreprise, entraînant et motivant avec eux une équipe de plus en plus étoffée qui, à tous les niveaux, partageait leur dynamisme pour contribuer au développement de l’entreprise. L’objectif était à la fois simple et ambitieux, celui de tirer partie au maximum de la matière première amylacée à l’époque fécule et amidon de maïs, pour réaliser la gamme la plus étendue possible de produits découlant de ces matières.
1951
Date de création du premier laboratoire
Pour parvenir aux étapes successives de ces développements, un premier laboratoire de recherche, complété par un atelier pilote, est édifié en 1951, qui permet la mise au point de nouveaux produits, avec notamment le démarrage de la production de dextrose, issu du glucose, et celle du sorbitol, dérivé lui-même du dextrose, autant de produits qui allaient être appelés à un avenir prometteur ; en même temps, l’organisation des ventes se renforce d’un service technico-commercial et commence à étendre son action vers l’exportation, notamment vers l’Allemagne et l’Italie, marchés certes exigeants, mais dont la taille justifiait amplement les efforts pour s’y introduire ; développement autant technique que commercial dont l’énoncé est en soi assez simple mais qui sous-entend une synergie de compétence, de courage et d’efforts chaque jour renouvelés.
Source : Petites Histoire de Lestrem II par l’association Valorisation du Patrimoine de Lestrem.